.: Les années Cinquante

Le cinéma britannique avait réussi à se sortir de la Seconde Guerre Mondiale, mais, si l'on peut dire, c'était trop beau pour être vrai.

A l'aube des années cinquante, l'apparition de la télévision et la diversification des loisirs avec l'élévation du niveau de vie porte un coup bas à la fréquentation des salles. Ainsi la fréquentation hebdomadaire passe, de 1949 à 1960, de 27,5 millions d'entrées à 10 millions, faisant baisser le nombre de salles de 4600 à 3600.

Le début des années cinquante est marqué par une période de "recyclage", on ressort régulièrement une histoire vraie du "bon vieux temps" de la Seconde Guerre Mondiale, et il y a là, semble-t-il, des fonds quasi-inépuisables. On assiste ainsi à des bombardements, des évasions de prisonniers de guerre... les adaptations sont aussi d'actualité, en particulier lorsqu'il s'agit de théâtre, comme c'est le cas en 1951 avec The Browning Version (L'Ombre d'un Homme) de Terence RATIGAN, adapté à l'écran par Anthony ASQUITH (et remade en 1994 par Mike FIGGIS).

Pendant ce temps, le cinéma fantastique qui avait connu ses débuts quelques années plus tôt ne perd rien de sa vigueur, au contraire...

Les studios Hammer installés à Bray (Essex) se spécialisent dans cette branche en plein développement.

En 1956, Terence FISHER (1904-1980), monteur à l'origine, devient le réalisateur vedette des studios Hammer en posant la première pierre d'une impressionnante série avec The Curse of Frankenstein (Frankenstein s'est échappé) (suivront : Revenge of Frankenstein, 1958, Evil of Frankenstein, 1964, Frankenstein Created Woman, 1967, Frankenstein Must Be Destroyed !, 1970, The Horror of Frankenstein, 1970, et enfin Frankenstein and the Monster from Hell en 1974). Mais FISHER se penche aussi sur le cas des vampires (Dracula, 1957, suivi de The Horror of Dracula, 1958), des lycanthropes (The Curse of the Werewolf, 1961), sans oublier le célèbre Fantôme de l'Opéra, héros éponyme de son film de 1962...

C'est à ce point de l'histoire de la cinématographie britannique qu'apparaît un nouveau mouvement appelé par ses créateurs Free Cinema, Cinéma Libre.

Le Free Cinema est lancé en février 1956 lors de la présentation par le BFI de trois court-métrages : O Dreamland (réalisé en 1953 par Lindsay ANDERSON), Together (Lorenza MAZETTI, 1955) et Moma don't allow (Karel REISZ et Tony RICHARDSON, 1955).

La projection fut suivie de la lecture d'un manifeste qui appelait à abandonner un idéal national dépassé, à faire des films en phase avec un pays en plein changement, des films moins complaisants et puritains, plus engagés. Les initiateurs du projet incitaient les réalisateurs à sortir des studios pour filmer en extérieur, pour se rapprocher de la réalité humaine, la réalité de groupes sociaux largement ignorés pendant les années cinquante.

Le Free Cinema "pur et dur" concerne seulement un petit nombre de courts-métrages (Every Day Except Christmas, Lindsay ANDERSON, 1957; We Are the Lambeth Boys, Karel REISZ, 1959; Terminus, John SCHLESINGER, 1961), car en abordant le long-métrage, les jeunes réalisateurs furent obligés de faire certaines concessions tout en gardant une part de l'esprit du Free Cinema (Un Goût de Miel, de Tony RICHARDSON en 1961; Le prix d'un Homme, de Lindsay ANDERSON en 1963 ...)

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