.: L'après-guerre

L'industrie cinématographique britannique semble donc avoir atteint une certaine "vitesse de croisière" pendant la Seconde Guerre Mondiale, dont elle paraît ressortir renforcée.

Mais alors que, pendant la guerre, la production était logiquement limitée, les britanniques sauraient-ils confirmer avec d'avantage de films les capacités donc ils avaient alors fait preuve ?

Avec la paix revinrent l'état des lieux est fait, et les dettes à payer aux Etats-Unis... permettent aux américains d'être une fois encore prêts à s'imposer...

Pour éviter toute nouvelle chute, le gouvernement décide de limiter toutes les importations de films (même si la mesure vise principalement les réalisations américaines), qui se voient quoiqu'il en soit taxées jusqu'à 75 % ! Sur le plan local un quota 45 % de films britanniques est instauré... jamais atteint, il sera abaissé à 30 % dans le courant des années 50.

Les américains ripostent par un embargo cinématographique.

Tout le monde y perd. Un accord est alors conclu, il prévoit "une réglementation du rapatriement des recettes américaines et une obligation d'investissement local (à terme, cette mesure facilitera l'implantation américaine en Grande-Bretagne).

Un débat s'engagea sur les responsables de cet échec, était-ce les négociateurs, ou peut-être le public, tellement avide de productions américaines ?

A ce sujet, un humoriste dit un jour : "British films rose to an apogee then fell to an apology", qu'on traduit par "Le cinéma britannique présenta des chefs-d'œuvre, puis des excuses".

Pour se sortir de ce mauvais pas, de nouvelles aides au cinéma sont créées, et se révèlent plus efficaces : une taxe spéciale (comparable à celle qu l'on connaît en France) est instaurée sur le prix des billets pour financer le NFFC (National Film Finance Corporation) créé en 1949 et remplacé en 1984 par British Screen.


Ces nouvelles mesures permettent l'affirmation de talents comme David LEAN (avec ses adaptations de DICKENS comme Oliver Twist, en 1948), Laurence OLIVIER (on notera surtout Hamlet, en1949), ou encore Carol REED (avec, en particulier The Third Man, Le Troisième Homme, en 1949).

Parmi les réussites de l'après-guerre, on compte aussi les productions des Studios Ealing, dirigés par Michael BALCON, secondé d'Alberto CAVALCANTI.

Ainsi apparaît dès 1945 le domaine du fantastique avec Dead of Night (Au coeur de la nuit), film à sketches dont les thèmes sont de l'ordre des fantômes, des divinations et autres possessions...

Le fantastique plaît immédiatement au public.

A Matter of Life or Death (Une question de vie ou de mort) rachète, en 1946, POWELL et PRESSBURGER après l'"affaire" Colonel Blimp, en mettant en scène un militaire anglais (David NIVEN) que la Mort n'a pu faucher lors d'un bombardement à cause de ce "maudit brouillard britannique".

Dès lors un émissaire du Ciel est envoyé sur Terre pour convaincre le chef d'escadron Peter D. CARTER que, puisqu'il devait mourir, et qu'il est donc manquant à l'appel, il doit repartir avec lui. Mais le "mort-vivant" invoque un argument en sa faveur : il a trouvé l'amour sur Terre, et ce serait contre toutes les lois de la Nature que de briser une telle union.

On tombe alors dans un univers où il est difficile de définir ce qui est du domaine du rêve et ce qui tient de la réalité, et où tous deux finissent par se rencontrer.

Des productions des Studios Ealing, on se souvient aussi de Passport to Pimlico (Passeport pour Pimlico, de Henry CORNELIUS, 1949), ou encore The Man in the White Suit (L'Homme au complet blanc, d'Alexander MACKENDRICK, 1951); mais surtout le légendaire The Ladykillers (Tueurs de Dames, du même Alexander MACKENDRICK, 1955) qui oppose un groupe de malfrats conduit par le Dr. MARCUS (interprété par Alec GUINESS) à la charmante Mrs. WILBERFORCE (interprétée par Katie JOHNSON, dont c'était le premier rôle important, à l'âge de soixante-dix-sept ans !), au désavantage des malfrats, est-il besoin de le rappeler.

Il faut noter qu'aux Etats-Unis, les films des Studios Ealing sont plus connus sous l'appellation de "Guiness Films", on retrouve en effet l'acteur dans bien des productions Ealing (dont The Man in the White Suit et The Ladykillers).

Malgré les succès, le studio est vendu à BBC (British Broadcast Company) en 1955. On y appose alors une plaque : "Ici, durant vingt-cinq ans, furent produits des films présentant la Grande-Bretagne et son caractère".

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