.: La guerre sur les écrans

Si le jeune cinéma britannique avait été anéanti par la première guerre mondiale, la seconde donne lieu au contraire à un certain engouement à la fois celui du public qui y trouve un réconfort, et par conséquence celui des producteurs qui y découvrent une nouvelle manne à exploiter.

L'époque est tout d'abord favorable aux documentaristes formés par GRIERSON et CAVALCANTI qui filment des "histoires vraies", comme par exemple Men of the Lightship (Les Hommes du bateau-phare) que produit CAVALCANTI, et qui retrace l'histoire authentique de l'équipage d'un bateau-phare attaqué et détruit par l'aviation allemande; ou encore The Foreman Went to France (Le Contremaître est allé en France) réalisé par Charles FREND en 1940, et qui relate l'histoire d'un contremaître pris dans les remous de la débâcle militaire.

D'un autre côté, bien des documents proviennent directement des unités de production cinématographique de la Royal Air Force, de la Navy et de l'Armée, ces courts et longs métrages étaient utilisés à la fois à des fins informatives et instructives, mais aussi pour rassurer la population et convaincre les autres pays de la puissance britannique.

Ainsi le cinéma britannique trouve une nouvelle fonction dans la participation à l'effort de guerre.

Sur le plan de la fiction The Lion has Wings, de Michael POWELL, Brian DESMOND-HURST et Adrian BRUNEL se distingue dès 1939 en faisant l'éloge de l'aviation britannique dans le but de rassurer l'opinion publique. Si le film n'a pas forcément atteint son objectif, il permis en tout cas aux divers producteurs de savoir comment se positionner pour les films à venir.

Parmi les films produits en Grande-Bretagne à l'époque, on peut remarquer, en autres, en 1943 The Life and Death of Colonel Blimp (Colonel Blimp), et en 1945 Henry V, de, et avec Laurence OLIVIER.

The Life and Death of Colonel Blimp met en scène deux amis, tous deux officiers, mais l'un de l'armée anglaise et l'autre de l'armée allemande, dans un récit qui va des années 1890 au années 1940; avec en 1942 le refuge de l'allemand Theo KRETSCHMAR-SCHULDORFF (interprété par Anton WALBROOK) en Grande-Bretagne pour fuir le Nazisme.

Les réalisateurs Michael POWELL et Emeric PRESSBURGER avaient d'abord pensé à Laurence OLIVIER dans le personnage de Blimp (dont le vrai nom est Clive CANDY), mais celui-ci ne pouvant se défaire de ses obligations militaires, le rôle échoua à Roger LIVESEY.

Ce ne fut pas sans mal que les réalisateurs imposèrent leur projet : le Ministère de la Guerre devait en effet donner son autorisation, ce qu'il fit, même si certains jugeaient que "le film pouvait porter atteinte au moral des armées". Michael POWELL rapporte même que le ministre de la guerre Sir James GRIEGG, après avoir donné son accord, malgré lui ("nous sommes en démocratie !"), lui déclara, sur le ton de la réprimande, "...vous ne serez jamais anobli !...".

Malgré cette autorisation, l'exploitation du film ne fut pas sans encombres, et il fallut attendre les années 70 pour voir une copie complète restaurée.

The Life and Death of Colonel Blimp entra donc dans l'histoire pour avoir été le film qui avait irrité Winston CHURCHILL...

Deux ans après le film de Michael POWELL et Emeric PRESSBURGER, Laurence OLIVIER ne choisit pas par hasard le thème de la pièce de SHAKESPEARE qu'il adapte à grand renfort de moyens, Henry V est en effet un vibrant appel à la mobilisation nationale.

Mais au-delà de l'engagement pour l'effort de guerre des producteurs, ce qu'il reste de ce film, c'est avant tout l'adaptation même de la pièce de SHAKESPEARE, à la fois réflexion sur le cinéma et sur le théâtre Elisabéthain, ainsi que les décors (de Paul SHERRIF et Carmen DILLON, qui se sont inspirés de peintures médiévales), et les grandes scènes de bataille, tournées en Irlande.

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